Fondation du patrimoine

jeudi 30 juin 2011

La chapelle du Saulce d'Island dans l'Yonne

Je me suis permis de reproduire ci dessous un article du site des Hospitaliers de saint-Jean de Jerusalem consacré à la chapelle du Saulce d'Island dans l'Yonne pour sa similitude architecturale avec la chapelle de Libdeau. Cet édifice, à proximité d'Auxerre appartient à un popriétaire privé mais se visite sur rendez-vous. Son exemple donne une idée très réaliste de ce à quoi Libdeau pourrait prétendre après restauration...

"Cette MaisonTempliers.net fut nommée d'abord Commanderie du Saulce. On la désigna ensuite sous le nom de Commanderie d'Auxerre, sans doute parce que les Commandeurs, aux siècles derniers, résidaient habituellement dans cette ville. Cependant la maison du Saulce resta toujours le chef-lieu de la baillie. Cette maison avait été donnée aux Templiers dans le commencement du XIIIe siècle, par un seigneur, du nom de Drogon de Mello ou de Maillot, « de Melleto », ainsi qu'il résulte des lettres de Guillaume, son fils, ratifiant et confirmant au mois de juillet 1206 le don fait par son père à l'Ordre du Temple, de la maison du Saulce, « elemosinam de domo Salicis. »

La maison des Lépreux de Saint-Simon d'Auxerre possédait au Saulce, dans le XIIIe siècle, une maison et des moulins sur l'Yonne. Ces moulins avaient souvent donné lieu à des contestations avec les Templiers. Ceux-ci, pour y mettre fin, consentirent à les acheter au prix de 850 livres. La charte d'acquisition passée sous le sceau d'Henri, évêque d'Auxerre, porte la date du mois de juillet 1231, et est approuvée par les principaux bourgeois d'Auxerre.
Ordre de Malte
Chapelle de la Commanderie du Saulce - Sources : Jack Bocar
La chapelle de la maison du Saulce avait été fondée par Guillaume, comte de Joigny. On voit par les lettres de fondation, datées du mois de juillet 1238, que le comte Guillaume, pour avoir une chapelle dans la maison du Temple du Saulce, sous Escolives, « in domo Templi de Salice subtus Escolivas », donna 15 livres tournois de rente à prendre par les frères de la dite maison chaque année, sur le péage de Joigny, appartenant au comte, et en cas d'insuffisance sur la prévôté de cette ville.

On trouve de 1210 à 1260 plusieurs titres d'acquisitions de terres arables, mais surtout de vignes, faites par les Templiers du Saulce.

Un seigneur, Raoul de Mailly, leur avait engagé pour vingt livres d'Auxerre, la dîme qu'il possédait à Escolives, « apud Escolius. » Son fils, Hugues et Guiele, sa femme, voulant, après la mort de leur père, se libérer de cette dette, abandonnèrent cette dime aux frères du Temple, par des lettres de l'official d'Auxerre, du mois de février 1258.
Ordre de Malte
Chapelle de la Commanderie du Saulce - Sources : Jack Bocar
Vers la même époque, la terre et seigneurie du Saulce fut donnée aux Templiers par Hugues de Saint-Verain et Elisabethe, sa femme. Jean, comte de Joigny, leur neveu, confirma cette donation en 1270, et Robert, comte de Nevers, de qui relevait cette terre, en consentit l'amortissement en 1272. On voit par les divers actes relatifs à cette donation, qu'elle comprenait une motte, « motam », située près de la maison du Temple ; toute la terre qui se trouvait près de « Loindat », enclavée dans celle des Templiers ; une pièce de terre dans « Courcelles », entre les prés du Temple et le ruisseau de « La Corroie (c'est probablement le ruisseau nommé le Val de Mercy, qui passe près de Vincelles et se jette dans l'Yonne au sud d'Escoviles et du Saulce ; carte de Cassini) » ; un pré au dit Courcelles, toute la justice, haute, moyenne et basse, à l'exception de celle comprise entre le grand chemin ferré, conduisant de l'Orme de « Truchebeuf » à Vincelles, « apud Vincellas » ; d'une part, et l'Yonne de l'autre ; et comme la dite justice se comportait et s'étendait depuis la justice des seigneurs de Champs, « dominorum de Campis », jusqu'à celle des seigneurs de Vincelles.

La terre et seigneurie du Saulce consistait, au XVIIe, siècle, en un château avec chapelle dédiée à saint Eustache, basse-cour, moulin sur l'Yonne, et 450 arpents de terre, compris entre le chemin d'Auxerre et la rivière.
Ordre de Malte
Chapelle de la Commanderie du Saulce - Sources : Jack Bocar
Un fief relevait de la seigneurie : le fief de Belombre, qui appartenait en 1604, à dame Davy, veuve de Jacques de Mung, dit de La Ferté, chevalier des ordres du Roi, seigneur de Boisgardin, Belombre et Escolives.

Le revenu de la maison du Saulce était, en 1373, d'après le Livre-Vert, de 142 livres 18 sols. II y avait alors un Commandeur, deux donnés, un clerc et un varlet, dont l'entretien et la nourriture étaient évalués à 30 livres par an. Le même revenu s'élevait, en 1782, à 3, 472 livres.

La commanderie comptait, au XIVe siècle, au moment où les Hospitaliers en prirent possession, six membres : la maison d'Auxerre, les domaines de Tourbenay et de Coulange, ainsi que les anciennes maisons du Temple de Vallan, de Sérain et de Vermenton.

On y ajouta au XVe siècle, les Maisons de Moneteau, de Saint-Bris, de Mery et de Villemoison, ainsi que celles moins importantes de commanderie de Champs-sur-Yonne, commanderie de Sacy et commanderie du Plessis-d'Arbouse. Les quatre premières provenaient du Temple ; et les trois autres étaient de l'Hôpital ancien. Sources : les commanderies du Grand-Prieuré de France - Eugène Mannier - Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)"

mercredi 29 juin 2011

La nuit des églises

Une excellente initiative dans la droite ligne des journées du patrimoine et à qui l'on souhaite le même succès.
Source d'inspiration et certainement support très intéressant dans un projet de restauration de la chapelle de Libdeau pour une prochaine édition.
Pour de plus amples informations, je vous invite à visiter le site http://www.narthex.fr/nuit-des-eglises/nuit-des-eglises-2011/ qui propose le programme de cette soirée, les lieux participants mais aussi un tutorat pour l'organisation de cet événement.

samedi 25 juin 2011

La mobilisation

En mars et octobre 2010, Anthony KOENIG et Olivier PETIT publient sur leurs blogs respectifs des articles concernant la chapelle de Libdeau et mettent surtout en avant l'état préocupant de l'édifice.
Les questions et les inquiétudes des lecteurs ne se font pas attendre. De nombreux messages révèlent que ce site n'a pas sombré dans l'oubli et que l'attente d'une restauration est présente. Plusieurs professionnels des bâtiments historiques proposent même leurs compétences. Mais le problème central est que cette chapelle est une propriété privée et que l'identité du ou des propriétaires est un mystère aussi grand que celui du trésor des templiers.
Même les institutions telles que la DRAC ou la mairie de Toul, préoccupées également par l'état du bâtiment, se retrouvent impuissantes face à ce mystère.
Heureusement quelques internautes dépositaires de précieuses informations ont donnés quelques pistes mais à ce jour toujours pas d'identification précise et les recherches se poursuivent.
L'appel est donc lancé pour retrouver les propriétaires ; cette étape cruciale est le préalable incontournable à toute démarche visant à entreprendre des projets de restauration.

vendredi 24 juin 2011

Hisrorique du lieu


L'ordre du temple posséda 13 maisons en Lorraine et à ce jour seules 5 chapelles subsistent; Metz, Xugney et Norroy dans les Vosges, Marbotte en Meuse et Libdeau. Cette dernière se situe sur l'antique voie romaine de Lyon à Trèves et sa fondation remonte probablement avant 1165.
Ce lieu particulier est connu dès le IXème siècle pour avoir été le théâtre de deux batailles sous le règne de Charles le Simple. La ferme du Champs des Allemands, à 700 mètres au Nord de Libdeau serait construite sur les sépultures des guerriers germaniques.
Les archives départementales de Meurthe-et-Moselle ne possèdent que treize documents hérités de l'ordre Hospitalier qui avait repris cette possession templière après la dissolution de l'ordre en 1307. Le document le plus ancien émane de l'évêque de Toul Pierre de Brixey, parti en croisade en 1190. Parmi les témoins, on relève le nom de Frédéric de Brixey, frère de l'évêque, doyen et archidiacre de Toul, décédé en 1186. Cet acte a donc été rédigé entre 1165, date du début du ministère de Pierre de Brixey et 1186, date du décès de Frédéric de Brixey.
Cette charte confirme aux templiers les droits qui leurs ont été accordés par l'évêque de Toul Henri de Lorraine (1126-1165). On peut donc penser que la commanderie a été fondée avant 1165.
Durant les vingt années qui suivirent cette fondation, les templiers se sont rendu maîtres de toutes les terres et des bois jouxtant la commanderie. Les dons, échanges et achats de terres portent non seulement sur des bois, mais également sur des terres arables ; Libdeau est devenu un domaine agricole de première importance se consacrant à l'élevage des porcs, grâce à ses bois, et à la culture céréalière. En cette période de développement urbain, les religieux de tous ordres se rendent acquéreurs de bois pour les défricher et étendre les cultures afin de satisfaire la demande en produits agricoles des villes voisines.
A la fin du XIIIème siècle, Libdeau était donc un établissement riche, produisant de la viande et des céréales, contribuant au ravitaillement de la Ville de Toul et dont la richesse s'exprime pleinement dans l'architecture de la chapelle et de ses vitraux.
L'ordre du Temple dissout en 1307 dans les circonstances terribles que chacun connaît, les biens sont dévolus en 1312 à l'Hôpital de Saint-Jean (ordre de Malte depuis 1530).
A l'époque révolutionnaire, en 1790, ces propriétés seront venduent comme biens publics et convertis en exploitation agricole y compris la chapelle à laquelle seront adjoint des bâtiments qui en dehors de leur parasitisme ont au moins permis de sauvegarder ce monument jusqu'à nos jours.
En 1963, sous l'initiative de l'abbé Jacques CHOUX et compte tenu, déjà, de l'état de dégradation de l'édifice, l'intéressant portail est démonté pierre à pierre pour être installé au Palais Ducal à Nancy. Depuis la chapelle poursuit sa lente agonie malgré son classement le 6 février 1995 à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques.

Bibliographie : Itinéraire templier en Lorraine par Michel HENRY éditions Serpenoises 1998.



jeudi 23 juin 2011

Pourquoi ce blog ?

A la sortie Nord-Est de Toul, sur la N411 qui mène à Dieulouard, se trouve sur la Gauche de la route, au lieu-dit "Ferme de Libdeau" un édifice peu en rapport avec l'exploitation agricole qui l'entoure. Son état actuel aurait certes ému un esprit romantique du XVIIIème siècle tant la nature et le temps y ont eu la liberté d'y sculpter leur oeuvre.
Ce bâtiment n'est cependant pas une ode à Lamartine, Musset ou Vigny mais la chapelle de la commanderie templière de Libdeau qui malgré les vicissitudes de l'histoire nous est parvenue presque intacte du XIIème siècle. La rareté des témoignage architecturaux de cet ordre religieux en Lorraine en fait un joyaux patrimonial de premier ordre.
Mais bien qu'inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis le 6 février 1995, elle souffre en silence des assauts répétés du temps et menace ruine.
Cependant il semblerait que ce silence soit rompu. Ceux qui connaissent les blogs http://patrimoine-de-lorraine.blogspot.com et http://la-lorraine-se-devoile.blogspot.com ont peut-être lu les articles consacrés par les auteurs Olivier PETIT et Anthony KOENIG à ce lieu et comme moi ont été touchés, à n'en pas douter par cette situation.
J'y suis d'autant plus sensible que j'écris ces lignes en voisin.
Les commentaires des internautes à ces articles sont nombreux et reflètent un réel désir de sauver l'édifice. Nombreux sont ceux prêt à apporter leur aide par leurs compétences, leurs connaissances et leur enthousiasme.
Il me semblait donc nécessaire de mettre internet à contribution et d'offrir modestement à cette chapelle une tribune pour fédérer les idées et les projets.
Il n'est jamais trop tard pour bien faire alors à tous ceux qui le souhaitent, exprimez-vous, proposez, offrez aux générations futures la fierté d'avoir la charge de transmettre le patrimoine de la Lorraine.